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Les femmes soignantes plus affectées par des problèmes de santé au travail (étude Odoxa-MNH)

Jeudi 16 mars 2023
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Les femmes soignantes plus affectées par des problèmes de santé au travail (étude Odoxa-MNH)


Les femmes professionnelles de santé sont plus affectées par les problèmes de santé que la population générale, selon une étude de l’institut Odoxa réalisée pour la Mutuelle nationale des hospitaliers et du "Figaro Santé". Publié ce 8 mars 2023, journée internationale des droits des femmes, le rapport de 30 pages montre des difficultés plus importantes dans la santé au travail ainsi que des disparités parmi les professionnels de santé. Les femmes soignantes se disent par exemple davantage confrontées que les autres à des situations négatives liées à la grossesse en milieu professionnel.

Les infirmières et les aides-soignantes sont notamment deux fois plus nombreuses que les autres à être affectées par des problèmes de santé, selon une étude Odoxa du 8 mars 2023.

En septembre 2022, une étude de la MNH révélait qu’un quart des professionnels hospitaliers se considère en mauvaise santé, un taux deux fois supérieur au reste de la population (lire sur AEF info). Ce mercredi 8 mars, pour la journée internationale des droits des femmes, l’institut Odoxa publie les résultats d’une étude réalisée pour la MNH et le "Figaro Santé" (1), avec le concours de la chaire santé de Sciences Po, qui révèle des difficultés supplémentaires pour les femmes professionnelles de la santé. 

Les infirmières et aides-soignantes plus affectées par des problèmes de santé

 

Dans ses points de conclusions, le rapport détaille que si 39 % des femmes de la population générale se disent touchées par des problèmes de santé, contre 37 % des hommes, les infirmières et les aides-soignantes sont notamment deux fois plus nombreuses que les autres à avoir été affectées par des problèmes de santé. 

Au cours des deux derniers mois, les professionnelles de santé étaient ainsi 53 % à souffrir d’un problème de santé physique et 27 % à être touchées par un problème de santé mentale (dépression, burn-out, idées suicidaires), soit respectivement 20 points et 12 points de plus que l’ensemble des Françaises. Les hospitalières sont aussi un peu plus affectées que leurs collègues masculins par des problèmes de santé physique, mais un peu moins par des problèmes de santé mentale. Au final, ce sont 62 % des hospitalières qui déclarent avoir au moins un problème de santé, contre 63 % des hospitaliers. 

Voir en PJ annexe graphique 1:Odoxa-MNH

LES HOSPITALIÈRES aussi PLUS CONCERNÉES PAR LES PROBLÈMES DE SANTÉ AU TRAVAIL

Plus important encore, huit hospitalières sur dix déclarent que leur travail génère un stress très important, soit 30 points de plus que le reste des actifs en emploi (48 %) et un peu plus que leurs homologues masculins (75 %). 73 % des hospitalières déclarent que leur travail implique une pénibilité physique importante, soit sept points de plus que leurs collègues masculins et 30 points de plus que pour l’ensemble des actifs. L’état de santé est aussi affecté négativement par leur travail pour 74 % des hospitalières, contre 39 % des actifs. 

En outre, 65 % des hospitalières disent travailler le week-end ou la nuit, soit cinq points de plus que les hospitaliers et 31 points de plus que les actifs en emploi. Presque trois hospitalières sur dix (28 %) travaillent souvent plus de douze heures d’affilée, ce qui représente dix points de plus par rapport à l’ensemble des femmes actives en emploi.

Voir en PJ annexe graphique 2 :Odoxa-MNH

Plus de consommation de médicaments à risque

Si les professionnelles de santé sont moins consommatrices d’alcool que leurs homologues masculins, elles sont plus nombreuses à consommer du tabac (19 %, contre 17 % chez les hommes) et à prendre certains médicaments potentiellement dangereux comme les anxiolytiques et les somnifères (21 % des hospitalières, contre 16 % des hospitaliers). En revanche, les hospitalières sont globalement moins nombreuses à adopter des comportements nocifs pour la santé que les hospitaliers mais elles sont davantage à consommer des drogues et des médicaments (22 % des femmes soignantes contre 18 % des hommes soignants).

Voir en PJ annexe graphique 3 :Odoxa-MNHOdoxa-MNH

Une charge mentale aussi déséquilibrée que dans la population générale 

L’étude s’est aussi intéressée à la "charge mentale", c’est-à-dire le poids psychologique subi dans la gestion des tâches domestiques et éducatives, particulièrement subie par les femmes dans les ménages. Dans la population générale, les femmes déclarent ainsi s’occuper quatre fois plus des tâches administratives (52 % contre 14 %), dix fois plus des tâches ménagères (48 % contre 5 %) et 13 fois plus des problèmes de santé des enfants que leurs conjoints masculins. 

Chez le personnel hospitalier, le constat est très similaire, avec 51 % des femmes s’occupant des tâches administratives, contre 11 % des hommes. Les hospitalières déclarent s’occuper presque deux fois plus des problèmes de santé des enfants que leur conjoint, et 22 fois plus des tâches ménagères à côté de leur travail, ce qui est supérieur à ce que rapportent les femmes dans la population générale. 

Voir en PJ annexe graphique 4 :Odoxa-MNH

Les femmes moins attentives à leur bilan cardiaque

Comme dans la population générale, les soignantes prennent davantage soin de leur santé que leurs collègues masculins. Elles sont en revanche deux fois moins nombreuses que leurs collègues à se rendre au moins une fois tous les deux ans chez le cardiologue et un peu moins nombreuses à consulter un psychologue et/ou un psychiatre. 

Voir en PJ annexe graphique 5 :Odoxa-MNH

Des discriminations liées au genre à la grossesse 

La grossesse chez les femmes est encore majoritairement perçue et vécue comme un handicap au travail. En conséquence, 41 % des femmes de la population générale estiment qu’être enceinte entraîne au moins un comportement ou une situation négative dans le travail. 

Voir en PJ annexe graphique 6 :Odoxa-MNH

Cette proportion est deux fois plus importante chez les hospitalières, qui sont un peu plus nombreuses parmi les personnes interrogées à avoir été enceinte dans le cadre de leurs fonctions, et aussi 86 % à reconnaître un ou des aspects négatifs de la grossesse. Parmi ces comportements, 72 % estiment que la grossesse rend plus difficile le fait de travailler dans de bonnes conditions, 55 % considèrent être pénalisées dans l’évolution de carrière. Pour 41 % de soignantes encore, la grossesse est mal perçue par l’employeur, 30 % estiment même qu’elle est incompatible avec l’exercice de leur métier. 

(1) L’étude a interrogé par internet un échantillon de 1 004 Françaises et Français entre le 16 et le 17 février 2023 et les a comparés aux réponses de 927 professionnels hospitaliers, dont 477 infirmiers et infirmières, 238 aides-soignant(e)s, 35 médecins et autres soignants et 177 autres hospitaliers.